La chronique

Auteur
Jacques SAUSSEY
Titre
Enfermé.e
Maison d'édition
French Pulp
Relecture
Oui
Service de presse
Non
SYNOPSIS
" Si je ne peux pas être qui je suis, je préfère être morte plutôt qu'être emprisonnée dans un corps qui n'est pas le mien. "
Jacques Saussey aborde magistralement dans ce roman noir social un sujet peu connu : être transgenre dans une prison pour hommes.
Partenariat avec l'association Acceptess-T.
Les premiers papillons ont éclos derrière ses paupières. Elle en avait déjà vu de semblables, enfant, un été au bord de l'océan, jaunes et violets contre le ciel d'azur. Elle était allongée au soleil, l'herbe souple courbée sous sa peau dorée. Le vent tiède soufflait le sel iodé de la mer dans ses cheveux. Aujourd'hui, l'astre était noir. Le sol dur sous ses épaules. Et l'odeur était celle d'une marée putride qui se retire. Les papillons s'éloignaient de plus en plus haut, de plus en plus loin. Et l'air lui manquait. Lui manquait...
Elle a ouvert la bouche pour respirer un grand coup, comme un noyé qui revient d'un seul coup à la surface.
Les papillons ont disparu, brusquement effrayés par un rugissement issu du fond des âges...
Prix Saint Maur en Poche 2017


ENFERMER
Mettre en un lieu fermé.
Entourer de tous les côtés.
Clore.


CHRONIQUE

D’une manière ou d’une autre, nous sommes tous enfermé !
Enfermé dans notre vie
Enfermé dans notre quotidien
Enfermé dans nos pensées
Enfermé dans des cages imposées
Enfermé dans nos propres cages
Enfermé dans les diktats de la société
Enfermé dans des cercles vicieux
Enfermé par obligation
Et la liste peut-être longue…

Mais comment arriver à s’imaginer, en plus de tous ces enfermements, ce que peuvent ressentir les personnes qui se sentent enfermées dans un corps qui n’est pas le leur, un corps qui n’apportent que souffrances !

Le livre de Jacques Saussey, dévoile une partie de cette souffrance, de ce calvaire, une histoire d’une vie malheureuse faite d’incompréhension de soi-même, de sa famille, du regard des autres.
C’est vraiment particulier, en le lisant je me suis rendue compte de tous les enfermements, de toutes les barrières que nous érigeons autour de nous qu’elles soient réelles ou imaginaires.
Alors imaginer le cauchemar de Virginie enfermée dans son enfermement !
Un roman noir, avec toute la noirceur, tout le dégoût, l’immondice et l’innommable qui pour une fois est nommé.
Un roman noir, cependant un roman témoignage, un roman hommage !

La narration est belle dans sa cruauté, l’absence de nom propre est tellement judicieuse. Sans nom, pas d’existence concrète, juste le regard que nous renvoyons aux autres.
Encore faut-il que les autres ne soient pas enfermés dans des carcans et puissent en sortir avec un autre regard.
Mais quel regard ?
Chacun d’entre nous, vous, eux, moi, avons notre opinion, nos idées mais surtout de loin car cela ne concerne que les autres, toujours les autres !
Il y a ceux qui croient comprendre, puis ceux pour qui c’est une abomination contre nature.

Et bien non, on ne peut pas comprendre et on ne le pourra jamais.
Nous les sis-genre, nous ne connaîtrons jamais cet enfermement-là, jamais !
Il est impossible de nous mettre à la place des personnes transgenre.
Le mieux que l’on puisse faire c’est de ne pas tourner le dos, de ne pas les regarder comme des bêtes de foires, c’est difficile, pour eux, pour nous !
Mais je sais, car comme toujours c’est plus facile à dire qu’à faire.

Alors essayons juste un peu d’enlever cet enferment et d’ouvrir nos cœurs.


Un très beau livre,
À Virginie…
Merci Aurore,
Merci Corallyne
Merci à tous les autres