La chronique

Auteur
Corinne ZARZAVATDJIAN
Titre
ROSE DE DIARBéKIR
Maison d'édition
PRESSE DE LA CITE
Relecture
Oui
Service de presse
Oui
Rose de Diarbékir
Un chef-d'œuvre émouvant et historique
Je viens de refermer ce magnifique livre où l’héroïne, Rose, se dresse avec une force et une sensibilité qui m’ont profondément émue. Dès les premières pages, je me suis immergée dans une époque tragique : celle des premiers massacres des Arméniens à la fin du 19e siècle. L’auteure nous plonge dans un moment méconnu de l’Histoire, un drame souvent ignoré, où se mêlent la douleur d’un peuple persécuté et la beauté envoûtante des villes de Diarbékir et de Constantinople.
Ce roman, véritable fresque historique, nous ramène au cœur des pogroms et de la haine qui frappèrent les Arméniens chrétiens sous le régime du "Sultan Rouge". Pourtant, malgré la noirceur de cette époque, l’auteure parvient à rendre hommage à la splendeur de Constantin opale, une ville que je connais bien. En revisitant ses quartiers, du Pera à la Corne d’Or, j’ai retrouvé des lieux familiers chargés de souvenirs, mais aussi marqués par des événements tragiques qui sont souvent ignorés, jusqu’à ce que ce roman ne vienne les raviver.
La présence française dans ce Constantinople du 19e siècle est également dépeinte avec finesse, notamment à travers les représentations de Sarah Bernhardt qui marquent la vivacité culturelle française de l’époque. Pourtant, cette épopée, aussi riche et vibrante soit-elle, ne peut faire oublier la douleur qui hante chaque page. Les massacres des Arméniens planent sur l’intrigue comme une ombre pesante, et c’est là que Rose de Diarbékir prend toute son envergure. Elle incarne la résistance, la force féminine dans une époque où les femmes avaient peu de pouvoir. Belle, sensible, indomptable, Rose symbolise cet espoir fragile mais tenace, celui de voir l’humanité survivre à la barbarie.
Ce roman n’est pas seulement une œuvre de fiction, c’est un témoignage poignant sur une époque, un peuple, une civilisation. Chaque fait, chaque lieu décrit est empreint de réalisme et de vérité historique, ce qui renforce l’impact émotionnel du récit. Les images dépeintes, les sons, les odeurs, tout m’a transportée dans cette Constantin opale et cette Turquie du passé, et j’en suis ressortie à la fois émerveillée et dévastée.
Je referme ce livre avec un sentiment de déchirement, mais aussi une immense gratitude envers l’auteure. Ce roman s’impose sans conteste comme l’un des plus beaux que j’aie lus cette année. Il m’a profondément touchée, tant par son histoire que par la qualité de son écriture. Un immense bravo pour ce chef-d’œuvre qui restera gravé dans ma mémoire.