La chronique

Auteur
Ellie MIDWOOD
Titre
LA VIOLONISTE D'AUSCHWITZ
Maison d'édition
Bookouture
Relecture
Oui
Service de presse
Non
*La violoniste d'Auschwitz* d'Ellie Midwood

Les titres contenant "Auschwitz" suscitent parfois des débats : sont-ils trop commerciaux ou porteurs d'une mémoire nécessaire ? Difficile de trancher. Pour ma part, ces récits m'attirent inévitablement, et chaque lecture m'immerge dans une intense émotion face à ces histoires bouleversantes. Cependant, *La violoniste d'Auschwitz* m’a offert une expérience différente.

Dès les premières pages, j’ai ressenti une étrange distance. Contrairement à d'autres récits poignants sur les déportés, celui-ci se concentre sur un aspect méconnu : le bloc musique et ses privilèges, dirigé par Alma Rosé, une virtuose juive viennoise. Ce choix narratif met en lumière un autre combat : celui d’Alma pour protéger les musiciennes de son orchestre féminin. Sous ses ordres, ces femmes, malgré l'enfer environnant, ont trouvé un semblant de répit, arraché à l'horreur grâce à leur art.

Les cruautés des SS, bien que présentes, restent en arrière-plan, presque effleurées. Même le sinistre Dr Mengele, connu pour ses atrocités, n’est qu’une ombre. Cette approche m’a laissée dubitative tout au long de ma lecture, car je n’ai pas retrouvé l’effroyable douleur souvent associée aux récits sur Auschwitz. Mais ce sentiment a changé lorsque j’ai atteint les postfaces.

En découvrant qu'Alma Rosé, ses combats, et une partie des membres de cet orchestre ont réellement existé, l’émotion m’a rattrapée. Alma, respectée même par ses bourreaux pour son talent, a incarné une lutte pour la vie, un défi face à la barbarie. Si ses actions ont permis à certaines musiciennes de survivre, leur existence au camp, bien que différente, n’en était pas moins un enfer.

Ce livre m’a offert une expérience douce et douloureuse à la fois. En mettant l’accent sur la résilience d’Alma Rosé et sur l’espoir qu'elle a pu insuffler à son orchestre, Ellie Midwood propose un récit poignant, à la croisée du roman et de l’Histoire. Une lecture à transmettre, pour que jamais ne s’éteigne le devoir de mémoire, 80 ans après la mort d'Alma Rosé, le 5 avril 1944.