La chronique

Les rouages de la perversion narcissique


Quiconque n'a jamais eu affaire à un pervers narcissique ne peut réellement connaître la souffrance et la détresse psychologique induites par de tels personnages. La perte de confiance, la désociabilisassions, la peur, la soumission, la culpabilité, l'impression de ne pas exister, le rabaissement et j'en passe ...

Comment imaginer ce qui se passe vraiment derrière les murs d'une maison dans une famille en apparence des plus normales.
Les pervers narcissiques savent donner le change, ils sont de beaux parleur, joviales et à l'aise en société qui pourrait croire, qui oserait penser ?
Il n'y a pas de trace physique, oh madame est juste un peu renfermée, timide c'est sa nature, mais heureusement qu'elle a un mari comme lui !

Comment imaginer qu'un retard de 5 minutes sur l'horaire défini engendrera des conséquences ?

Comment imaginer que de parler à quelqu'un en dehors de monsieur engendrera des conséquences ?

Comment imaginer que d'exprimer un avis contraire de monsieur engendrera des conséquences ?

Comment imaginer les surveillances perpétuelles, les humiliations, les insultes et toujours baisser la tête, ne jamais oser exprimer son mécontentement, son désaccord. Toujours acquiescer pour avoir une relative paix.

Comment comprendre cette soumission mise en place insidieusement petit à petit, et surtout comment comprendre l'acceptation d'une telle situation ?

Si vous n'avez jamais eu affaire à un pervers narcissique, vous ne pouvez qu'imaginer mais pas comprendre, ni vous mettre à la place de la personne qui est sous son emprise.

Et puis un jour il y a la goutte d'eau qui fait déborder le vase et la c'est l'explosion, la révolte, mais le pire c'est le pervers qui essaie toujours de retourner la situation à son avantage. Il va étendre son emprise sur l'enfant, qu'il a ignoré jusqu'à présent, et le pauvre petit comme c'est un enfant en recherche d'affection paternelle va plonger dans ce piège tendu. Et oui c'est cela le déroulement machiavélique du pervers.

Et puis après il faut se reconstruire, réapprendre à vivre, apprendre à s'estimer, à faire confiance aux autres, le tout dans un état de grande fragilité émotionnelle... Avec le temps et la patience.

Entraves, un roman qui exprime parfaitement tous ces rouages et ses désordres. Une véritable immersion au sein de la psychiatrie. Le sujet est maîtrisé, les pathologies y décrites en étant accessibles à tout le monde.
Le récit sort de l'ordinaire, il peut être dérangeant pour certaines personnes, mais il faut savoir que c'est la réalité et que cela existe. Il faut apprendre à voir l'invisible, à entendre les non-dits ! Et qui sait être un lanceur d'alerte.

Dans sa préface Dominique Barbier écrit : " ne laisse jamais rien ni personne t'empêcher d'être toi-même ou te réduire au rang de déchet humain et n'oublie pas que l'évidence du premier coup d'œil n'est souvent qu'un leurre..."

C'est juste et de bon conseil, mais il est plus facile à donner qu'à suivre. Ce qu'il faut à notre époque c'est éduquer nos enfants dans ce sens et leur répéter cette phrase importante afin qu'ils soient armés pour leur vie d'adulte.

Si vous avez lu mon retour jusqu'au bout, vous saurez que ce livre est pour moi important et marquant, je me suis sans doute laissée un peu trop emportée, mais je suis heureuse de l'avoir découvert et je ne peux que vous le conseiller.